Gianpaolo Pagni/No Body/ Intervista – di Lisa Rampilli

All rights reserved©Gianpaolo Pagni, No Body, serie, Editeur, Solo Ma Non Troppo, Paris, 2013
137 Dessins aux tampons sur papier machine, 210 x 297 mm

www.gianpaolopagni.com

www.solomanontroppo.no-body

Gianpaolo Pagni, No Body serie© 2013, Editeur, Solo ma non troppo

Gianpaolo Pagni, No Body serie© 2013, Editeur, Solo ma non troppo

Lisa Rampilli: Dans ton œuvre le tampon ou l’impossible trace mnémonique du corps ne fournit pas une identité, mais il en exhibe la beauté artistique. Chaque signe unique est mouvement, un flux musical. Les paléolithiques traçaient des signes dans l’obscurité des grottes, les Nuba et les Aborigènes peignent leur corps. Dans « No Body » il semble que tu fasses écho à ces deux aspects anciens et subversifs, traces “d’anonyme personne”. Comment tu raconterais ton projet?

Lisa Rampilli: Nella tua opera il timbro o impossibile traccia mnemonica del corpo non ne fornisce un’identità, ma ne esibisce l’artisticità. Ogni singolo segno è movimento, un andamento musicale. I paleolitici tracciavano segni al buio nelle grotte, i Nuba e gli Aborigeni si dipingono il corpo. in « No Body » sembri recuperare entrambi questi aspetti antichissimi e sovversivi dell’essere traccia di “anonimi nessuno”. Tu come racconteresti il tuo progetto?

Gianpaolo Pagni: Depuis plusieurs années je travaille avec des tampons pour dessiner. J’appelle ces créations des dessins aux tampons. Je considère le tampon comme un outil. Un outil qui me permet de m’exprimer. À la source de chaque projet, il y a la création de mes propres tampons. Spécialement pour No Body j’ai dû en créer une quarantaine de nouveaux: des signes, des trames, des matières, des éléments figuratifs etc. Tel un écrivain, je me suis constitué un mini dictionnaire personnel qui m’a permis par la suite de raconter quelque chose. Il ne s’agit pas là de véritable narration, on est plus proche d’une poésie avec des extraits soudainement très clairs et puis d’autres plus énigmatiques. C’est de cette manière que je procède la plupart du temps.
Je suis complètement d’accord, il y a en effet dans ces dessins quelques chose de primitif.
Les techniques qui me permettent de dessiner mes images sont proches de celles employées pour réaliser les peintures rupestres; comme par exemple la main en négatif sur une roche obtenue en y soufflant du pigment dessus. C’est l’ancêtre du pochoir.

Gianpaolo Pagni: Da molti anni lavoro con dei timbri per disegnare. Chiamo queste creazioni “disegni al timbro”. Considero il timbro come un utensile. Un utensile che permette di esprimermi. Alla fonte di ogni progetto, c’è la creazione dei miei timbri personali. In modo particolare per No Body ho dovuto crearne una quarantina di nuovi: di segni, di trame, di materie, di elementi figurativi etc. Come uno scrittore, mi sono costruito un mini dizionario personale che mi ha permesso successivamente di raccontare qualche cosa. Non si tratta di vera narrazione, è più vicina alla poesia con degli estratti istantanei molto chiari ed altri più enigmatici. È in questa maniera che procedo la maggior parte del tempo.
Sono completamente d’accordo, c’è in effetti in questi disegni qualche cosa di primitivo.
Le tecniche che mi permettono di disegnare le mie immagini sono vicine a quelle impiegate per realizzare le pitture rupestri; come per esempio le mani in negativo su una roccia ottenute soffiandoci sopra del pigmento. È l’antenato dello stampino.

LR: Dans No Body apparaissent le jeu, l’ombre et l’empreinte qui ne peuvent jamais être des gestes intentionnels, puis la “sérialité”, qui résulte être une compilation impossible des sentiments, parce qu’ils changent en permanence. Les tampons sont donc un Ludus, un plaisir sans intention et sans but tel les émotions qui te surprennent à l’improviste?

LR : In No Body emerge il gioco, l’ombra, l’impronta che mai possono essere gesti intenzionali, quindi la serialità risulta una catalogazione impossibile dei sentimenti, perché troppo variano da un istante all’altro.
I timbri dunque sono un ludus, un piacere senza intenzioni e senza scopo come lo sono le emozioni, che ti sorprendono all’improvviso?

GP: J’aime l’empreinte et toutes les techniques qui y sont associées parce que le hasard y intervient souvent. La trace laissée par un tampon n’est jamais pareille et chaque coup de tampon est une surprise. C’est en effet ça que je recherche, une surprise à chaque instant pendant l’acte mais aussi une rapidité d’exécution pour explorer un maximum de possibilités. J’ajouterai enfin que je donne beaucoup d’importance aux matériaux que j’utilise. J’opte souvent pour des outils et du matériel qui ne sont pas utilisés par le monde des beaux-arts. J’utilise par exemple du papier machine A4 ou du papier déjà imprimé plutôt que du beau papier, les tampons plutôt que la gravure, la peinture industrielle plutôt que l’huile, etc. Un amour du pauvre, du peu.

GP: Amo la stampa e tutte le tecniche associate ad essa perché il caso vi interviene sovente. La traccia lasciata da un timbro non è mai la stessa e ad ogni “battuta di timbro” è una sorpresa. È proprio questo che cerco, una sorpresa ad ogni istante durante l’atto, ma anche una rapidità d’esecuzione per esplorare un massimo di possibilità. Aggiungerei in fine l’importanza che dò ai materiali che utilizzo. Spesso opto per strumenti che non sono utilizzati dal mondo delle belle arti. Mi servo per esempio di “papier machine” A4 (carta per stampante) o di già stampata piuttosto che usare carta pregiata, e i timbri piuttosto che la stampa, la “pittura industriale” piuttosto che la pittura ad olio, etc. Un amore per il povero, il “poco”.

LR: Dans ton travail il y a une prédominance de la liberté originaire de l’homme à explorer l’imaginaire et plutôt que d’utiliser des techniques existantes, tu en inventes, en fabricant des outils qui n’existaient pas jusqu’alors. Nous pourrions, en forçant les termes, décrire ce procédé d’homo faber comme de la paleo-ingénierie, qui exalte cette singularité propre qu’a l’artiste à sonder l’immensité. Dans cette élaboration de combinaisons inusuelles, tu imprimes un alphabet pour un dictionnaire de néologismes. Est-ce que tu pourrais nous raconter la logique de ton travail?

LR: Nel tuo lavoro c’è una predominanza della libertà originaria dell’umomo a esplorare l’immaginario e quindi più che a utilizzare tecniche, a inventarne, fabbricando utensili prima inesistenti. Potremmo, forzando i termini, descrivere questa procedura da homo faber come paleo-ingegneria, che esalta questa singolarità propria dell’artista a sondare l’immenso. In questa elaborazione di combinazioni inusuali, stampi un alfabeto per un dizionario di neologismi. Ci potresti raccontare la cifra del tuo lavoro?

GP: Pendant la réalisation de mes séries de dessins je ne pense pas narration. Je me concentre sur l’expérimentation graphique, le rapport entre les couleurs, les formes et les lignes. Je ne sais pas où je vais. Disons que c’est une errance solitaire plutôt qu’un voyage organisé. Et dans ce voyage, je suis à l’affut de tout ce qu’il peut se passer devant moi. Je change de direction, je reviens sur mes pas, je me repose, je regarde.
C’est à la fin que j’analyse ce que j’ai fait. Je range tout les dessins dans des pochettes et les mets dans un classeur. Une première lecture commence en feuilletant les dessins. Puis plein d’autres lectures en déplaçant les pages entre elles. Dans un de mes livre j’ai mis en exergue une citation de Sigmund Freud: « L’accumulation met fin à l’impression de hasard ». C’est la multiplication des dessins et le rapport qui s’instaure entre eux qui crées du sens.

GP: Durante la realizzazione della mia serie di disegni non penso a una narrazione, mi concentro sulla sperimentazione grafica, il rapporto tra i colori, le forme e le linee. Non so dove mi dirigo. Diciamo che è un’erranza solitaria più che un viaggio organizzato. E all’interno di questo viaggio faccio la posta a tutto quello che accade davanti a me. Cambio direzione, ritorno sui miei passi, mi riposo e osservo.
È alla fine che realizzo ciò che ho fatto. Riordino tutti i miei disegni in buste, e li metto dentro a un raccoglitore. Una prima lettura comincia sfogliando i disegni. Poi molte letture altre avvengono nell’intercambiabilità delle pagine tra loro. In uno dei miei libri ho messo in esergo una citazione di Sigmund Freud: « L’accumulazione mette fine all’impressione del caso ». È la moltiplicazione dei disegni e il rapporto che si instaura fra loro che crea senso.

Gianpaolo Pagni, No Body serie© 2013, Editeur, Solo ma non troppo

Gianpaolo Pagni, No Body serie© 2013, Editeur, Solo ma non troppo

GIANPAOLO PAGNI/ Biografia

Né à Turin en Italie.
Vit à Paris et travaille en Seine-Saint-Denis.
Artiste, auteur de livres, illustrateur, il collabore depuis le milieu des années 90 avec la presse tant en France qu’à l’étranger (Le Monde, Libération, Télérama, Le tigre, International Herald Tribune, The Guardian, The Washington Post), avec de nombreuses maisons d’édition (Flammarion, Seuil, Éditions du Rouergue), pour des manifestations culturelles (Rock en Seine, Ciné Junior, Le Festival de l’Oh) ainsi que pour la Maison Hermès.
Auteur de livres « graphiques » dans lesquels se trouvent cristallisé le langage de son travail plastique, utilisant l’accumulation et la répétition pour faire surgir le souvenir, métamorphosant des objets et des choses sans valeur en signes extra-ordinaires et mystérieux. Il est en quelque sorte l’ouvrier inventeur de sa propre archéologie et de la notre à travers la poétique intrinsèque de ces déchets que nous ne regardons plus (Mirandola, Enquête au tampon) mais aussi à travers la re-création à partir d’éléments résiduels de son propre travail (Dactylo, Dedans, Senza pensare) magnifiés par diverses techniques d’empreintes et de recouvrement et associés à une culture multiple (cinéma et histoire de l’art principalement). Et tout comme un archéologue, afin de mieux servir la mémoire, il créé ses propres outils; ses tampons avec lesquels il dessine, ses supports sur lesquels il peint ou dessine que ce soit le papier de magazine imprimé ou les anciennes copies de lycée.

GIANPAOLO PAGNI/ Biografia

Nato a Torino in Italia. Vive a Parigi e lavora a Seine-Saint-Denis.
Artista, autore di libri, illustratore, collabora dalla metà degli anni 90 sia con la stampa francese che straniera
(Le Monde, Libération, Telerama, Le tigre, International Herald Tribune, The Guardian, The Washington Post), con numerose case editrici (Flammarion, Seuil, Edition du Rouergue), per manifestazioni culturali (Rock en Seine, Ciné Junior, Le Festival de l’Oh) così come per la Maison Hermès.
Autore di libri “grafici” nei quali si trova cristallizzato il linguaggio del suo lavoro plastico, utilizzando l’accumulazione e la ripetizione per far sorgere i ricordi metamorfizzando oggetti e cose senza valore in segni extra-ordinari e misteriosi. Gianpaolo Pagni è in qualche modo l’iniziatore inventore della propria archeologia e della nostra attraverso la poetica intrinseca scarti che noi non guardiamo più (Mirandola, Enquête au tampon) ma anche attraverso la ri-creazione a partire da elementi residuali del proprio lavoro (mettere titoli) messi in risalto da diverse tecniche di stampa e di sovrapposizione e associati a una molteplicità di elementi culturali (in particolare modo cinema e storia dell’arte ). E come un archeologo, al fine di servire al meglio la memoria, crea i propri utensili; i suoi timbri con i quali disegna, i suoi supporti sui quali dipinge o disegna, che si tratti di carta di giornale stampata o le vecchie copie di libri di liceo.